"Ne cherchez plus mon coeur..."
Glose promise, glose due
Au soir de nos adieux c’est les doigts dans la prose
Que j’avais fait le deuil d’un amour-à-tâtons.
J’ai réouvert mes ailes ainsi que mes brouillons
Et c’est pour t’en faire part qu’en différé je glose.
Le matin par trois fois, de nos corps enlacés,
Nous avons fait, ravis, la fête à Cupidon
Pour du rêve secouer le doux, rose amidon,
Nos regards l’un dans l’autre éperdument plongés.
Mais l’extase est passée, le couperet itou,
Cependant que mon corps, de ce matin exhale
Encore les reliefs d’un délice amadou
Et le doux bavardage des amours matinales.
Je me livrai à toi, j’étais ta confidente,
J’avais renié principes et congédié amants,
Me suis offerte à toi en âme, corps ; consciente
Que nous étions alors deux cœurs convalescents.
Je n’étais que dragée, médecine sucrée
Qu’on suce, l’œil humide, et presque déjà guéri.
Et toi, amer amant, tu t’en es pourléché
Et d’une indigestion tu nous laisses meurtris.
En souhaitant ton bonheur c’est ma joie que je rogne
Je m’oubliais pour toi, tu finis la besogne
Tu as perdu amie et amoureuse amante
Morfondant ton passé, tu perdis ta présente.
« Ne cherchez plus mon cœur, les bêtes l’ont mangé »
Mon amour est perdu mais ma joie est féconde !
S’il en faut de la hargne pour rapprendre à danser
Je serai ballerine, la plus furieuse au monde !
Je ne te souhaite rien, si ce n’est de grandir.
En refusant la joie par morale abêtie
Tu mets la vie en cage, et avec, tout sourire.
La vie est un théâtre, mais pas que tragédie !
D’illusoires embûches ton chemin est couvert
Tu te retiens de vivre par perplexité veule
Tu t’es choisis des fers, c’est ma chair qu’elles lacèrent.
Si tu vas grisement, amen, mais fais-le seul.