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Amant de Bergerac

Ah ! Non ! C'est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire... oh ! Dieu ! ... bien des choses en somme...
En variant le ton, — par exemple, tenez :

​

Tendre : "Amie, vous m'en voyez ravi, et je sais
Qu'une telle nouvelle porte en elle l'espoir
De joyeux entretiens sur votre doux perchoir."

​

Naïf : "Quelle est la cause d'une telle gageure ?
Et quel amant chanceux s'expose à ces faveurs ?"

​

Curieux : "N'aimez-vous pas, Madame, le contact
Sous votre peau à nue d'un plastique artefact ?"

 

Entreprenant : "Sachez que je prévois aussi
De me tester afin de partager ce lit !
Et de vous, tout à fait, ressentir les émois
Jouir de l'amour à nu et en perdre ma voix"

 

Concret : "Ma tendre amie, à des plaisirs rapides
On s'expose; y penser me rend déjà torride !"
(Et je vous répondrais : "Pour des bonheurs plus longs
Il ne tiendra qu'à nous, cent fois sur le métier,
De remettre l'ouvrage pour grimper au plafond")

 

Audacieux : "Mazette ! En moi germe pensée
Plus lubrique et moins sage que le pire des diables !
Venez à nous, encore, entretiens incroyables !"

 

Rougissant : "Ô je n'ose, amie, imaginer
Les vagues de bonheur qui vont nous traverser !"

 

— Voilà ce qu'à peu près, mon cher, vous m'auriez dit
Ou, à défaut, ce que vous aviez à l'esprit,
Traduit en apostrophe et en lettres exclamées
Et servi par message express interposé.
Sans doute eussiez-vous pu, vous m'auriez composé
Des cantiques, des chants, des vers de mille pieds
Mais le temps vous manquait et la surprise aidant,
Vous privilégiâtes le soudain au roman.

Mots-tus

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